Evènements autour du Concorde: Aeroscopia, un rêve de 30 ans

26 juin 2011

Aeroscopia, un rêve de 30 ans

Le moment tant attendu depuis presque trois décennies. Ce matin, sur la zone Aéroconstellation dédiée à l'A 380, sera posée la première pierre du musée aéronautique.
Au début, ce devait être une belle fresque muséographique portée par l'Académie nationale de l'Air et de l'Espace. C'était il y a vingt-sept ans. Jean Pinet, alors directeur d'Aéroformation, rêvait déjà d'une vitrine qui eût témoigné de l'évolution de la technologie aéronautique toulousaine. On y aurait retrouvé l'aventure de Latécoère, de Caravelle, de Concorde, et toute la saga Airbus… Mais il a donc fallu attendre presque trois décennies et la création d'une association baptisée « Terre d'Envol » pour que le projet soit vraiment propulsé dans les airs.
C'est ce matin que sera posée la première pierre d'Aeroscopia, ce musée qui verra le jour fin 2013 sur la zone de Pinot, juste en face le hall d'assemblage de l'A380. Depuis le tout début, le projet a reçu le soutien du maire de Blagnac, Bernard Keller, et du constructeur Airbus. Par la suite, entreront dans le tour de table financier le Grand Toulouse, la Région Midi-Pyrénées, et, enfin, le département de la Haute-Garonne. Évalué à 13 millions d'euros, le projet sera adossé au circuit du tourisme industriel d'Airbus et ses 150 000 visiteurs annuels. « C'est ce qui nous garantit un potentiel de fréquentation important », soulignait voilà quelque temps Jacques Rocca, porte-parole de l'avionneur européen et membre de Terre d'Envol. Aeroscopia proposera un parcours pédagogique comprenant des expositions sur les sciences et techniques aéronautiques. Une scénographie étudiée conduira à la découverte des avions les plus emblématiques, de Concorde au Super Guppy, en passant par l'A300. On y retrouvera aussi les principaux avions restaurés de la collection des Ailes Anciennes (lire par ailleurs).

Heureuse conclusion

Même dans la capitale européenne de l'aéronautique et de l'espace, le projet a toujours eu du mal à percer, buttant sans cesse sur des considérations financières, mais aussi sur des considérations géographiques.
Prévu initialement à Montaudran, terre d'envol de l'Aéropostale, puis à Balma, court-circuité un temps par l'autre projet de la Cité de l'espace, Aeroscopia a fini par tourner naturellement son regard vers les terres d'Airbus.
Un effort important a été fait tant dans le domaine de l'architecture que de la scénographie. « Aeroscopia imposera son volume tout en courbe, avec une forme compacte, unitaire, abstraite vêtue d'une peau d'acier, finement incisée », souligne le cabinet d'architectes Cardete et Huet. Les visiteurs pénétreront dans les lieux à partir d'une passerelle d'embarquement qui débouchera sur un immense hall d'exposition. En un seul coup d'œil, le public pourra apercevoir les nombreux avions exposés et une fresque graphique de 54 mètres de long retraçant la grande aventure de l'aviation de 1900 à aujourd'hui. On s'y voit déjà…

« Grâce à quelques fadas… »

« Voilà un moment qu'on essayait de prospecter autour de Toulouse pour trouver le bon terrain. La toute première réunion eut lieu fin 1984 en présence des municipalités de Toulouse, Blagnac et Colomiers. Mais il y avait un autre projet en concurrence et cela a fait capoter l'affaire… », témoigne Jean Pinet, un des promoteurs à l'époque de ce projet. « Les choses ont stagné jusqu'en 1990 jusqu'au moment où quelques fadas sont venus me voir et me convaincre. C'est là qu'a été fondée « Terre d'envol », sans lequel le projet n'aurait vu le jour. »

Les Ailes anciennes attendaient ce musée pour exposer leurs avions

Il en a tellement rêvé qu'il n'osait plus y croire… Voilà trente ans que Jean-François Bruna-Rosso milite pour un musée de l'aéronautique. Pendant tout ce temps, le président de l'association des Ailes anciennes a amassé des avions sur un bout de tarmac. Quatre-vingts machines de tous les pays, auxquelles s'ajoutent des moteurs à pistons, des réacteurs, de la doc… Et à chaque fois, la même aventure pour acheminer par rail, par bateau ou par convoi exceptionnel, des pièces qui auraient dû être ferraillées. Dans les poubelles de l'histoire, comme il le dit lui-même, l'avocat de profession a déniché un gros Bréguet deux ponts (l'ancêtre de l'A380), un McDonnell F-101 qui pourrissait dans le désert de l'Arizona. Airbus, bon prince, a cédé à l'association un A 300, mais aussi un Super Guppy, dont un des exemplaires a été racheté par la NASA. Ces deux avions trôneront aux côtés de Concorde dans le futur musée.
Dernière recrue des « Ailes » : le Merlin de Météo France, un Fairchild biturbo garé jusqu'alors à la base de Francazal. L'appareil vola quinze ans pour des missions scientifiques. Depuis, il a été remplacé par un ATR 42. Le rêve de l'association : essayer de construire un Salmson 2A2, biplan conçu pour des missions d'observation. Le premier avion avec lequel Latécoère a rallié Toulouse au Maroc.

Source : La Dépêche du Midi - 16 Juin 2011